PRÉFACE de PIERRE BERG É


Qu’est-ce qu’un grand collectionneur ?

A l’école, on collectionne les bonnes et les mauvaises notes, plus tard les maîtresses ou les amants, parfois les contraventions ou les gaffes. Tout cela, on l’imagine, ne fait pas un collectionneur. Larousse nous assure qu’une collection est une réunion d’objets choisis pour leur beauté ou leur prix. Est-ce bien sûr ? C’est méconnaître l’esprit même du collectionneur, son obsession, son obstination, sa phobie. J’en connais qui collectionnent des bouchons de bouteilles qui ne sont ni beaux ni chers, d’autres des boites d’allumettes dont on peut dire la même chose. Le collectionneur consacre sa vie à sa passion, il lui sacrifie tout ou presque. Si, parfois, après de longues années, il décide de vendre sa collection aux enchères, c’est davantage pour satisfaire sa vanité que pour en retirer de l’argent. En général d’ailleurs, il en recommence une autre. Un objet seul peut présenter un intérêt, deux font une paire mais à trois commence une collection. Alors, tous les moyens sont bons pour l’enrichir. Car il en faut du temps, de la patience, de la ruse pour composer une collection. Il faut aussi de la science et de la connaissance et les vrais collectionneurs sont aussi compétents que bien des professionnels.

Il faut transmettre ce virus dès que possible aux enfants. Collectionner des timbres-poste reste un des plus beaux voyages qu’on puisse entreprendre. Qui dira jamais la beauté et le mystère de ces timbres qui viennent du bout du monde ? Et quel enfant oubliera jamais ces moments merveilleux ?
On me dira que certaines collections sont sans intérêt. Peu importe ! Ce qui compte, c’est l’esprit du collectionneur, l’émotion qui est la sienne lorsqu’il déniche – et avec quelle ferveur ! – l’objet qu’il attendait et qui lui a été destiné. Collectionner c’est d’abord aimer et c’est bien suffisant.